En 2001, la France et toute la filière européenne de la viande étaient secouées par la crise de la vache folle. Alors récemment installés, Noël et Emmanuel Pouleur sont déjà confrontés à une situation difficile et ils comprennent vite que, pour être éleveur, il faut savoir compter et savoir se remettre en question.
Le Gaec de St Eloi
- 2 associés : Noël et Emmanuel Pouleur, un salarié et une apprentie
- Deux sites d’exploitation : Marbaix et Floursies (59)
- 150 ha dont 27 ha de maïs et 123 ha de prairies permanentes
- Un atelier lait de 90 vaches laitières
- Un atelier viande de 65 vaches allaitantes limousines avec vente de broutards et de taurillons
Le calcul des Marges Brutes Lait et Viande est un outil indispensable pour connaitre la rentabilité de chaque atelier de l’exploitation. C’est une source importante de réflexion pour Noël et Emmanuel Pouleur, éleveurs de vaches laitières et allaitantes. » Bien sûr, la Marge Brute Viande par hectare est moins élevée que celle du lait, mais elle est bien plus intéressante que celle d’une céréale « , explique Emmanuel. C’est d’ailleurs ce résultat qui amène les éleveurs à remplacer les 7 hectares de blé de l’assolement par de la prairie en 2017. » C’est davantage de travail, mais nous sommes dans un secteur où l’herbe pousse quasiment toute l’année, c’est une opportunité que nous avons voulu exploiter « . Du 15 janvier au 15 mars, les pâtures se régénèrent, c’est la seule période pendant laquelle aucun animal n’est en pâture. » Tout le reste de l’année, nous gérons minutieusement le pâturage tournant. l’automne, les laitières rentrent un peu plus tôt que les limousines, ces dernières valorisent alors les prairies qui leurs étaient réservées « , détaille l’éleveur.
Vers des limousines autonomes !
Pour maximiser l’autonomie alimentaire, les deux frères ont progressivement réduit l’utilisation de concentrés. » Nous avons commencé par supprimer la complémentation aux veaux avant la première pesée Bovins Croissance, puis jusqu’au sevrage et finalement, nous élevons les broutards et les génisses sans concentré « , raconte Emmanuel. L’objectif est atteint et sans détériorer les résultats techniques : les broutards pèsent 330 à 350 kg à 8 mois et les génisses vêlent à 30 mois. Pour y parvenir, les éleveurs veillent à la qualité des fourrages récoltés. » Ce n’est pas parce que ce sont des allaitantes qu’elles n’ont pas de besoins. Alors, même si la première coupe est réservée aux laitières, les enrubannés, les foins ou les ensilages des coupes suivantes doivent être de très bonne qualité. «
Les rations des vaches suitées, des génisses et des vaches à l’engraissement sont quasiment identiques, composées de 2/3 d’herbe et d’un tiers de maïs. Les vaches à l’engraissement ont tout de même 5 kg de Corn Gluten, un aliment qui sert également à nourrir les taurillons. Ces derniers ont une base similaire avec l’ajout de 300 g de tourteau de soja-colza.
Et pour l’avenir ? Emmanuel et Noël souhaitent revoir le nombre de vaches pour limiter les contraintes physiques à la traite. Ainsi, l’effectif laitier va certainement baisser d’une dizaine de vaches alors que le troupeau viande va augmenter. « Les résultats des Marges Brutes sont des outils précieux pour la validation économique d’une telle évolution. »
